Publié le le  – Propos recueillis par Anne MOREAUX – Entreprise – Chiffre

Le réseau Exco et la banque d’affaires Financière de Courcelles allient leurs forces afin de mieux accompagner les dirigeants de TPE-PME et ETI en régions sur des problématiques de haut de bilan et de fusion-acquisition. Franck Parker, DG d’Exco, et Matthieu de Baynast, PDG de la Financière de Courcelles, nous expliquent en quoi ce partenariat inédit s’inscrit naturellement dans la dynamique de relance économique.

Affiches Parisiennes : Pourquoi avez-vous noué ce partenariat et lancé cette nouvelle offre de conseil aux entreprises ?

Franck Parker : L’origine de ce partenariat c’est la rencontre entre deux structures, la Financière de Courcelles et Exco, qui avaient, chacune de leur côté, des ambitions communes qui se sont finalement retrouvées sur le terrain du partenariat que nous avons noué.

Côté Exco, nous nourrissions l’ambition de nous positionner comme un acteur du M&A sur les quelques 140 implantations de notre groupe. La Financière de Courcelles avait de son côté l’ambition de développer son ancrage territorial.

Compte tenu des atouts techniques incontestablement reconnus sur le marché pour la Financière de Courcelles, et pour une Exco une excellente connaissance du tissu entrepreneurial en région, la conjugaison s’est naturellement faite.

Matthieu de Baynast : Nous sommes des interlocuteurs à la fois de proximité et de compétence pour les entreprises, et c’est l’intérêt de ce partenariat. Ces deux critères, ajoutés à notre neutralité et à notre indépendance, vont permettre de mieux accompagner les dirigeants dans leurs opérations de haut de bilan et notamment dans leurs projets de cession, de transmission et de financement de la croissance.

A.-P. : En quoi cette alliance entend jouer un rôle dans la diffusion du dispositif gouvernemental de relance ?

F. P. : En résumé, ce partenariat a pour objectif de rendre accessible et simple le monde de la finance, souvent concentré à Paris, à l’ensemble des entreprises sur les différents territoires sur lesquels Exco opère déjà.

M. de B. : Nous avons effectivement un rôle à jouer pour expliquer et pour rassurer les dirigeants sur les nouveaux instruments financiers qui existent, comme le dispositif d’obligations relance et les prêts participatifs. Beaucoup d’argent va être déversé mais encore faut-il que les entreprises appréhendent correctement cette opportunité.

Beaucoup d’argent va être déversé mais encore faut-il
que les entreprises appréhendent correctement cette opportunité.

A.-P. : Comment ce partenariat se traduira-t-il en pratique ? Qui va intervenir ? Des duos d’experts Exco et de la Financière de Courcelles ?

M. de B. : Nous avons structuré ce projet de partenariat afin que nos équipes soient mises à contribution des deux côtés, donc ce n’est pas une sous-traitance d’Exco où tous leurs mandats partiraient chez la Financière de Courcelles. L’idée, c’est plutôt d’engager les compétences d’Exco et d’y ajouter un appui technique de la Financière de Courcelles. Le but est vraiment de construire et travailler ensemble à la recherche de la plus grande satisfaction des entreprises.

A.-P. : L’impact de la crise et cette période de relance vont-ils vous permettre d’aborder plus facilement ces enjeux financiers avec les clients ?

F. P. : Il est clair que le marché est très dynamique en ce moment. Il y a beaucoup de liquidités disponibles, et un certain nombre d’instruments financiers et de créativité autour de ces leviers dont certains à l’initiative de l’Etat, comme les obligations relance.

Au-delà de la professionnalisation des métiers de conseil financier et de leur accessibilité pour les TPE-PME et ETI des territoires, notre mission c’est aussi de porter la bonne parole, de faire comprendre que ce marché est accessible à toutes les entreprises afin d’éviter de réserver le sort de ces instruments de relance aux plus grandes entreprises.

A.-P. : Vos deux entités restent-elles totalement libres et indépendantes ?

F. P. : Effectivement, que ce soit la Financière de Courcelles ou Exco, nous gardons notre indépendance. Nous sommes sur un partenariat à caractère technique avec des transferts de compétences. La Financière de Courcelles ne s’interdit donc pas de travailler avec d’autres cabinets d’expertise comptable de la place, et vice versa.

Ce partenariat a pour objectif de rendre
accessible et simple le monde de la finance,
souvent concentré à Paris, à l’ensemble des entreprises
sur les différents territoires.

A.-P. : Ce partenariat entre un réseau d’expertise comptable et une banque d’affaires est-il inédit ?

M. de B. : A ma connaissance, il existe des partenariats entre des banques et des cabinets de conseil financiers, comme celui de la Banque populaire avec Adviso Partners, ce sont des partenariats un peu différents. Je crois qu’il n’existe pas encore de grands partenariats entre un réseaux d’experts-comptables et une banque d’affaires. C’est surement parce que les grands cabinets d’expertise tels les Big 4 ont généralement internalisé ces activités de M&A avec les risques de conflits d’intérêts inhérents

A.-P. : Était-ce une demande qui émanait du terrain ?

F. P. : Ce partenariat s’inscrit parfaitement dans notre stratégie de développement des activités de conseil, à l’instar des autres organisations de la profession dans le top 6. Chez Exco nous avons fait le pari d’accélérer la mise en œuvre de ces services, consulting, gestion privée et M&A en nous appuyant sur des alliances avec des professionnels reconnus. Cet angle nous permet de garantir le meilleur service possible à nos clients, et ce dès les premières opérations.

A.-P. : à quelles cibles les experts d’Exco Finance et Transactions s’adressent-ils ?

M. de B. : Le but est de travailler avec toutes les entreprises, même si ce n’est pas toujours facile de toucher les TPE sur ces sujets. En tout cas, avec ce dispositif-là, nous sommes capables de nous adresser à une cible large. Avec sa nouvelle ligne de service Exco Finance et Transactions, Exco apportera à tous les chefs d’entreprises qui cherchent à financer leur croissance, à ouvrir leur capital ou à céder leur activité, ainsi qu’à ceux désireux d’investir, des interlocuteurs de proximité leur assurant une vision globale des solutions existantes. Sur des dossiers de plus petite taille, Exco Finance et Transactions sera probablement davantage en première ligne que nous, même si nous apporterons notre expertise. Toutefois, nous faisons des exceptions sur certains deals complexes, sur des valeurs de transaction notamment. Aujourd’hui, on ne s’interdit pas du tout d’aider sur les transactions de plus petite taille. Sur les 70 000 entreprises clientes d’Exco, allant de la TPE aux groupes cotés, le potentiel d’accompagnement est fantastique.

A.-P. : Pourquoi, selon-vous, les opportunités de fusion-acquisition échappent souvent aux PME ?

M. de B. : C’est surtout dû à une méconnaissance du monde de la finance. C’est vrai que dans les régions, les fonds d’investissement sont plus vus comme des fonds de pension que du private equity. Cela peut impressionner les PME, et elles ont souvent besoin d’être rassurées et conseillées en fonction de leurs besoins.

A.-P. : Sur quel secteur anticipez-vous la plus forte demande : le conseil en financement, les projets d’acquisition ou bien les cessions ?

M. de B. : Chez nous, pour le moment c’est assez équilibré. Beaucoup de nos confrères sont très concentrés sur les deals de vente, tandis que nous avons une vision un peu différente car nous pensons que les rachats d’entreprises sont importants. Ils représentent une création de valeur et des relations de plus long terme aussi. Nous avons donc aujourd’hui autant de mandats d’achats que de ventes. Actuellement, nous avons aussi pas mal de levées de fonds pour des entreprises qui sont en pleine croissance.

Je pense qu’avec Exco nous allons essayer de travailler de la même façon, pas que sur des cessions, mais aussi sur de la création de valeur via des acquisitions, avec des moyens de financement soit par de l’equity, soit par la dette.

Nous sommes aussi très sensibles au développement international des entreprises. Avec nos réseaux d’indépendants et nos filiales respectives, nous avons beaucoup de deals qui se font en dehors des frontières, comme récemment en Afrique du Sud, Allemagne et Croatie. C’est un enjeu important.

A.-P. : Quel est l’impact de la crise Covid sur les besoins en fond propres des entreprises ?

F. P. : La crise sanitaire a incontestablement eu des impacts financiers. Même si certain nombre d’outils et de leviers ont été mis à disposition de l’économie pour pouvoir passer cette période délicate, les conséquences sont bien présentes. Sur le plan humain un certain nombre d’entrepreneurs qui, fort de ces deux années un peu compliquées, sont sans doute plus sensibles à l’éventualité d’une cession ou d’une transmission.

Par ailleurs des phénomènes de concentration dans certaines filières commencent déjà à s’opérer. Nous savons bien que ce que nous vivons à un impact sur la structure économique des entreprises, et sur la cartographie sectorielle d’une manière générale.

En revanche, nous pouvons affirmer avec Matthieu que notre partenariat et notre ambition ne reposent pas sur l’opportunité qui serait issue de la crise. C’est un peu plus profond que ça, c’est une réponse à une vision stratégique de part et d’autre.